Le Hainaut, terre d'appel à la paix

 "Un jour on reparlera de l'amour", écrivait Achille Chavée, le poète surréaliste hainuyer. Sur nos terres hainuyères où les jumelages avec les villes et communes du monde entier sont comme un appel à la paix, nous continuons à croire en l'espoir d'un monde plus humain, fraternel et solidaire. La Minute de silence qui est posée ce matin au Conseil provincial du Hainaut en mémoire aux victimes des attentats ici et partout dans le monde, nous l'illustrons aussi avec cette main tendue vers l'univers, cette sculpture "L'Appel" d' Idel Ianchelevici qui accueille les visiteurs à l'entrée de la Cité des Loups, au Centre du Hainaut. 

"Dans nos écoles, les enseignants ouvrent des espaces de parole sur les faits chauds de l'actualité et ils les contextualisent, au regard de l'histoire. Ils visitent aussi des lieux de mémoire. Ils font passer des messages de paix", explique la Députée provinciale Fabienne Capot.

La région du Centre possède la plus grand part d'écoles provinciales sur son territoire.

L'Appel est certainement l'une des oeuvres les plus emblématiques du sculpteur Idel Ianchelevici. Et elle prend sens, au regard des actualités sanglantes du monde qui rebondissent dans nos rues, dans nos écoles, parfois au coeur de nos familles.

Depuis le 7 juin 1970, ce géant en bronze de quatre mètres de haut, le bras tendu, la main largement ouverte vers plus d'humanité et de fraternité, accueille les nombreux automobilistes à l'entrée de La Louvière. Si cette sculpture monumentale est bien connue des Louviérois, son histoire singulière mérite d'être contée.

Né en 1909 en Bessarabie, région aujourd'hui partagée entre la Roumanie et la Moldavie, Idel Ianchelevici arrive à Liège en 1928. Marié en 1933 à une jeune femme de la région et diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Liège, Idel Ianchelevici fera de la Belgique sa seconde patrie.

Si, durant l'entre-deux-guerres, la Bessarabie est très éloignée de la région du Centre, Liège l'est tout autant de La Louvière. Afin d'expliquer la présence de cette oeuvre dans l'espace public louviérois, l'histoire d'un nouveau coup de coeur se doit d'être relatée...

En 1939, Louis Piérard, homme politique, homme de lettres et grand amateur d'art découvre l'oeuvre du jeune sculpteur bessarabien. De concert avec Alexandre André, député permanent hainuyer en charge des Beaux-Arts et ancien échevin de La Louvière, Louis Piérard contacte les autorités communales de la Cité des Loups.

L'histoire est en marche... La Louvière achète l'oeuvre de Ianchelevici. Elle sera baptisée L'Appel. Cachée pendant la Seconde Guerre mondiale, l'oeuvre sort de sa clandestinité en 1945. Coulée en simili-pierre, l'imposante sculpture est inaugurée le 23 septembre 1945 boulevard Mairaux, devant une foule nombreuse. Victime du temps – la matière se désagrège – et des remaniements urbanistiques, L'Appel est coulé en bronze et déplacé en face de l'Hôtel de Ville, place Communale. Nous sommes le 21 octobre 1967.

Trois ans plus tard, le 7 juin 1970, la sculpture trouve son emplacement définitif, à proximité de l'accès autoroutier de La Croyère. Depuis lors, un géant de bronze nous y accueille tous les matins.

La région du Centre possède la plus grand part d'écoles provinciales sur son territoire. Les enseignants y ouvrent la discussion et l'espace de parole sur les faits chauds de l'actualité et les contextualisent, au regard de l'histoire.