Peter KNAPP. Mon temps

L’exposition de la Fotostiftung Schweiz, Winterthur, est présentée jusqu’au 26 mai, au Musée de la Photographie à Charleroi.

une femme sur  une balle organge«Ce qui me motive, c’est de transformer des idées en images. Je cherche à visualiser mes pensées, à exprimer en images mes fantasmes et histoires. Je ne prends pas de photos, je les fais», commente Peter Knapp.

Un pionnier 

Lorsqu’en 1959 Hélène Lazareff, fondatrice de Elle, demande à Peter Knapp de créer la ligne éditoriale du magazine, elle prend comme contre-exemple Harper’s Bazaar, elle qui pourtant est passée durant la guerre chez Alexei Brodovitch qui en assurait la direction artistique.

Fini le chic glacé, les mannequins figés dans l’éclairage d’un studio ou sur les escaliers de marbre d’une maison de haute couture.

Avec Elle, c’est le prêt-à-porter décomplexé́ qui triomphe, libérant les formes, les femmes. L’époque est au changement depuis que le droit de vote leur a été accordé, et Lazareff pressent qu’il faut accompagner cette mutation.

Le magazine, au titre bien nommé, ouvre ses pages à Simone de Beauvoir, Marguerite Duras ou Françoise Sagan. L’émancipation de la femme passe aussi par le vêtement et Elle se doit d’en être l’un des étendards. 

Peter Knapp engage alors le magazine dans une dynamique visuelle qui bouscule les grilles conventionnelles de la mise en page, mettant à profit sa formation de graphiste et de typographe, sa pratique de la peinture. Il multiplie les diagonales – sa signature, avec sa double page –, les gros plans, les contre-plongées, les références géométrisantes auxquelles le portent les créations de Courrèges ou d’Ungaro.

Ses mannequins flottent à l’aide de filins, ou glissent en apesanteur sur des tables lumineuses. Cette quête de mouvement le mènera à les filmer en 16 mm pour en isoler ensuite quelques images, mariant les pratiques, cela ne s’est jamais vu.3 emmes mannequins en apesanteur

Knapp transpose ensuite ses conceptions graphiques pour Dim Dam Dom, l’émission mythique de l’ORTF de Daisy de Galard, autre collaboratrice de Elle, qui en est comme l’équivalent filmé. Avec Jean-Christophe Averty, il sera de ceux qui vont révolutionner la mise en image des émissions télévisées au creux des années soixante. La photographie de mode a été longtemps tenue pour un genre mineur, une activité́ alimentaire pour les photographes. De grands auteurs s’y sont pourtant consacrés, de Man Ray à Jeanloup Sieff, en passant par Maurice Tabard, Richard Avedon ou Erwin Blumenfeld, pour n’en citer que quelques-uns.

Au travers des revues qui en étaient le véhicule, elle a pourtant contribué à former le regard des contemporains, à les familiariser avec le langage photographique. Aujourd’hui exposée, collectionnée, elle est entrée dans les musées et fait régulièrement l’objet d’expositions importantes, témoignant d’une époque autant que de sa dimension artistique.

Indissociables de leur mise en page, les photographies de Peter Knapp n’en sont pas seulement le reflet, mais elles l’ont façonnée, ouvrant la voie à de nouvelles expressions graphiques. En ce sens, Peter Knapp est plus que jamais de « son temps », et aujourd’hui encore.

  L’occasion aussi de voir les expos : Elliot Ross.Seeing animals  , Thomas Chable. Au-dessus des nuages, Ingel VAIKLA. Papagalo, What’s The Time?, Natalie MALISSE et Camille SEILLES. Le cœur à même la peau.

Infos : 

  Avenue Paul Pastur 11 à  Charleroi (Mont-sur-Marchienne)
 https://museephoto.be/fr/expositions/ExposTemporaires-fr.html

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Date de publication

Mardi, 12 Mars, 2024 - 12:04